Reeveal, l’assistant de recherche en réalité augmentée de Graffiti – Marie Tors
En près de deux années d’existence, Graffiti a déjà fait beaucoup de chemin. Auréolé du premier prix du concours Med’Innovant en 2019, la start-up marseillaise a dévoilé en début d’année Reeveal, un assistant de recherche mêlant réalité augmentée, intelligence artificielle et moteur de recherche. Alors que l’application est désormais disponible sur l’App Store, nous nous sommes entretenus avec sa fondatrice Marie Tors sur les tenants et aboutissants de ce nouveau produit.
- Graffiti se présente comme un visual assistant, un assistant de recherche visuelle mêlant réalité augmentée, IA et moteur de recherche. Pouvez-vous nous en dire plus sur les caractéristiques de ce produit et les technologies qui le sous-tendent ?
L’équipe Graffiti développe reeveal, un « vision assistant », une application smartphone, qui permet d’afficher des informations liées aux objets qu’elle identifie grâce à une analyse visuelle.
Reeveal repose sur le « computer vision » (une branche de l’intelligence artificielle) qui identifie le monde physique grâce à un réseau neuronal. Une fois l’objet identifié, nous affichons sur le téléphone les informations liées, en contexte, grâce à un moteur de réalité augmentée.
Nous parlons de vision « assistant » plutôt que de moteur de recherche, car les informations affichées correspondent à des cas d’usages. Par exemple, si je montre une plante à un moteur de recherche, il affichera une quantité infinie d’informations (de son nom latin à son importation d’un pays lointain) ; si je montre une plante à reeveal, elle montrera simplement où l’on peut se la procurer à un prix intéressant et comment il faut l’arroser convenablement.
- Vous collaborez étroitement avec Orange sur la 5G. Quelle utilité trouvez-vous à la 5G pour Graffiti et son évolution ? Comment le produit peut-il s’intégrer dans une logique d’Internet des objets ?
J’ai intégré la saison 2 du programme Femmes Entrepreneures avec Orange et je souhaiterais vivement avancer sur ces sujets notamment sur le plan régional car Orange expérimente actuellement la 5G au stade Vélodrome.
La 5G est en effet une technologie qui permet de s’affranchir des obstacles que sont la latence et le débit. La 3D, par exemple, est grande consommatrice de bande passante en raison du volume de données à traiter : avec la 5G, il est possible d’imaginer des expériences d’une qualité proche de celle des effets spéciaux de l’industrie du cinéma, à l’échelle d’un stade, sans que la surface ou le nombre de connexions n’altèrent l’expérience utilisateur.
La 5G ouvre également d’extraordinaires opportunités dans le domaine des objets connectés, en leur permettant notamment de communiquer directement les informations les concernant, qu’il s’agisse d’un immeuble, d’une cafetière ou d’un arrêt de bus.
- Quels publics cherchez-vous à atteindre avec Graffiti – individus, acteurs privés ? Pour quelles utilisations ? Vers quels publics et quelles utilisations comptez-vous vous tourner à l’avenir, au moyen de quelles évolutions du produit ?
Reeveal est un produit B2C : pour simplifier l’accès au marché et le parcours de l’utilisateur, nous commençons par attaquer l’univers du shopping.
Le cas d’usage que nous imaginons est simple : lorsque l’utilisateur est en situation de shopping, il souhaite savoir si les objets qu’il pointe avec son téléphone sont bons pour sa santé, pour son portefeuille, pour l’environnement. Il souhaite également connaître l’avis d’autres utilisateurs.
Dans un avenir proche, reeveal sera disponible sur différentes plateformes de lunettes intelligentes, les « smart glasses ». Nous avons dans ce cadre noué des partenariats avec des acteurs tels que Deutsche Telekom et le fabricant coréen NReal. Nous initions également des échanges avec le consortium LaSAR piloté par ST Microelectronics.
- Graffiti est pensé à bien des égards comme une extension virtuelle de l’individu, via sa main, son regard, l’écran. Chaque détail de l’environnement extérieur devient une potentielle donnée, une source d’information. En cela, votre produit offre de nombreuses possibilités dans le champ de la smart city. Avez-vous des projets en cours dans ce domaine ? Et quelles y sont, à plus long terme, vos ambitions ?
Si notre go-to-market passe par l’expérience shopping, nous anticipons en effet une diversification dans d’autres cas d’usage.
La Smart City en est un : lauréat du concours MedInnovant en 2019, nous travaillons également avec EuroMéditerranée sur ce champ précis.
Les applications y sont nombreuses : reconnaissance d’une situation de travaux et affichage des travaux finis en réalité augmentée, reconnaissance d’un problème sur la voie publique et affichage des actions menées par la ville etc.
Des échanges construits avec la ville de San Diego (très en avance sur ces sujets) lors d’une délégation régionale en octobre 2019 avec Rising Sud, nous ont permis d’intégrer cet univers à notre plan de développement.
- Graffiti se développe à Marseille, et vous êtes attachée à l’écosystème tech local et de la Région Sud. Quels en sont selon vous les principaux atouts ?
La Région Sud regroupe tous les ingrédients nécessaires au développement d’une entreprise tech : l’écosystème s’est développé à grande vitesse, avec quelques figures remarquables et des structures efficaces.
Des facteurs intrinsèques sont également à prendre en compte : le cadre de vie est merveilleux, tant sur le plan culturel, qu’architectural, que naturel.
Tout ceci a un impact direct sur la créativité, l’épanouissement professionnel et s’avère aussi être un atout de poids dans l’attractivité de la région pour le recrutement de talents.
- Quels partenariats et pistes de développement envisagez-vous dans la région ? La Région Sud pourrait-elle être un tremplin vers une internationalisation de vos activités ?
Nous sommes en train de nouer des partenariats importants dans la région, d’un point de vue stratégique, toutes les expérimentations autour de l’usage du Computer Vision et de la Réalité Augmentée sont autant d’opportunités de déployer nos solutions technologiques.
Cependant notre ancrage local ne doit pas masquer nos ambitions internationales : Graffiti est depuis sa naissance sur ce chemin. Rising Sud nous accompagne dans l’excellence et l’efficacité depuis le début de notre aventure. En ce sens, Marseille est tout à fait un tremplin vers l’internationalisation.
- Plus généralement, quels sont les forces et les faiblesses de ce territoire en termes d’attractivité, de compétitivité économiques et d’ouverture sur le monde ? Les outils à disposition sont-ils suffisants ?
À la lecture de cette question, j’entends presque : “Paris et le désert Français est-il toujours un ouvrage d’actualité, plus de 50 ans après sa sortie ?” Seul l’avenir le dira.
Ce territoire regorge de personnes engagées et déterminées à en faire une terre d’innovation. Les outils sont nombreux et bien pensés. La fierté de la population pour ce qu’il conviendrait presque parfois d’appeler ses “ressortissants” confère aussi une énergie singulière aux projets.
Toutefois, le chauvinisme, qu’il soit régional ou national, s’efface très rapidement devant l’unique juge qui compte : l’utilisateur, le client, et ses attentes, satisfaites, ou non.