Après les tourments causés par la crise du Covid, il apparait vital que la zone euro se dote d’un système de solidarité financière efficace pour faire face aux crises à venir et éviter de nouvelles cacophonies dans des moments où la rapidité d’exécution est primordiale. En ce sens, les ministres des finances de la Zone Euro, après des mois de visioconférence, ont décidé d’un renforcement du Mécanisme Européen de Stabilité (MES).
Pour éviter les tergiversations en temps de crise et pouvoir se doter d’une solidité financière, il était crucial pour les pays de la Zone Euro de se mettre d’accord sur la mise en place d’une nouvelle mouture du MES – créé et initié en 2012 – conciliant les visions parfois divergentes entre pays du nord et pays du sud.
Un nouveau mécanisme assurant une plus grande solidité financière à l’ensemble de la Zone Euro
Déjà sur le point d’aboutir en 2019, la refonte du MES avait été suspendue du fait de blocages provenant d’Italie, mais il semblerait que cette fois-ci, la voie soit tracée vers la création d’un véritable « Fonds monétaire européen« . A l’issue des discussions sur le sujet, Paolo Gentiloni, commissaire en charge de l’Economie, parlait d’un «grand succès» tandis que Paschal Donohoe, président de l’Eurogoupe, se félicitait d’avoir franchi une « étape cruciale ». L’idée derrière ce nouveau MES est de mettre en place un système capable de gérer une crise à laquelle ferait face un pays de la zone tout en lui confiant un rôle de dernier recours en cas de crise bancaire. Ce nouveau mécanisme, qualifié par la Commission de « Backstop », possède un double avantage. Tout d’abord, il est financé par les banques européennes et non pas par le contribuable. D’autre part, il doublera la somme actuelle allouée au Fonds de résolution unique pour arriver à 120 millions d’euros envoyant ainsi un puissant message de stabilité financière.
Un projet longtemps source d’opposition entre partisans du partage des risques et les défenseurs de l’orthodoxie financière
Ce projet de réforme du Mécanisme Européen de Stabilité a une nouvelle fois servi de théâtre d’affrontement entre les pays du Nord, souvent qualifiés de « frugaux » et peu enclins au partage des risques financiers, avec les pays du Sud souvent accusés d’un certain laxisme sur le sujet. Rome, sous la houlette de Matteo Salvini avait longtemps montré des réticences face à la mise en place d’un tel système et au risque d’ingérence de l’Union dans les affaires d’un pays en crise. La situation italienne s’étant simplifiée notamment grâce au départ du dirigeant populiste du gouvernement, des négociations et des garanties ont permis à ce projet ambitieux pour la prépondérance et la survivance de la zone euro de voir le jour.