Les membres de l’Union Européenne, France et Allemagne en tête, avaient réussi à se mettre d’accord sur un plan de relance de l’économie chiffré à 750 milliards d’euros, qui devait prendre effet à partir du mois d’avril de l’année prochaine. Alors que les craintes d’éventuels blocages de la part des « Etats frugaux », hostiles à un plan de relance massif, avaient pu être écartées, le processus est aujourd’hui à l’arrêt en raison du refus de la Hongrie et de la Pologne de subordonner le versement de ces fonds au respect de l’Etat de droit.
Prévu pour avril 2021, le déclenchement du plan de relance européen ne se fera finalement pas avant la fin du printemps prochain en raison des blocages opérés par Budapest et Varsovie qui devraient pourtant bénéficier respectivement de 6 et 23 milliards d’euros au titre de ce même plan.
Refus de se conformer aux exigences de l’Etat de droit
En Hongrie comme en Pologne, le vote en faveur du plan de relance européen est actuellement suspendu en raison du conditionnement du versement de celui-ci au respect de l’Etat de droit au sein des Etats bénéficiaires. Or, depuis plusieurs années, les gouvernements hongrois et polonais s’attellent à affaiblir les mécanismes démocratiques et certains droits fondamentaux au point d’être qualifiées de « démocraties illibérales » par de nombreux observateurs. Les deux pays revendiquent le droit d’agir comme ils l’entendent au nom de leur souveraineté et le Premier ministre Hongrois, Viktor Orban a déclaré à ce titre : « Nous n’avons pas créé l’UE pour avoir une deuxième Union soviétique ».
Le Vice-Ministre polonais de la justice Michal Wojcik a pour sa part demandé « Combien vaut la souveraineté ? Un milliard, plusieurs douzaines de milliards, plusieurs centaines de milliards d’euros ? Pour nous, cela n’a pas de prix ». A noter que ces deux pays font actuellement l’objet d’une procédure au nom de l’article 7 du Traité de l’Union Européenne les menaçant de les priver de leur droit de vote.
Le budget pluriannuel pris en otage
Ne pouvant faire échouer le vote du plan de relance des 27 qui ne requiert qu’une majorité qualifiée, Budapest et Varsovie ont décidé de bloquer deux autres textes nécessitant l’unanimité : le budget pluriannuel 2021-2027 et l’autorisation accordée à la Commission Européenne de s’endetter. Ne souhaitant pas ouvrir la porte à une renégociation du plan de relance qui pourrait faire perdre l’adhésion de pays comme l’Autriche, les Pays Bas ou la Suède, les diplomates s’activent à trouver une solution pour contenter les deux parties. L’accord pourrait être trouvé en accompagnant le texte de mentions rassurant les dirigeants hongrois craignant que cette corrélation du respect de l’Etat de droit avec le versement d’aides n’instaure un précédent.