Alors que la question de la taxation des GAFA remue les gouvernements européens, Neal Mohan, numéro deux de la plateforme vidéo de Google, prend position sur le Digital Services Act européen, un texte qui vise à renforcer la modération des contenus sur les services en ligne.
S’il soutient l’idée de mettre à jour le cadre de régulation pour protéger les utilisateurs et les créateurs de Youtube, Neal Mohan met toutefois en garde les autorités contre les zones grises d’un tel texte. Il appelle à cet effet à la prudence.
Renforcement de la politique de modération et protection des utilisateurs
Le responsable de la politique de modération de YouTube, qui affirme que la plateforme a « toujours eu des règles de communauté », a déclaré avoir retiré 7,9 millions de vidéos problématiques. Après avoir raffermi sa politique de modération, le géant de la vidéo en ligne s’est attaqué aux contenus haineux, en procédant à la fermeture de plusieurs chaînes YouTube. S’agissant des contenus avec des informations erronées ou trompeuses, YouTube se charge parfois de réduire leur diffusion, tandis qu’elle met en lumière certaines ressources fiables, à l’instar des informations relatives à la pandémie.
Malgré ces premiers pas encourageants, le Commissaire Européen au Marché Intérieur Thierry Breton a estimé que le renforcement des obligations des plateformes en matière de contenus était nécessaire. YouTube a indiqué à cet effet que ces règles devraient se limiter aux « contenus illégaux », la législation étant plus opaque concernant les contenus légaux. Autre point noir soulevé par YouTube, les normes varient d’une culture à une autre.
YouTube, bientôt redevable d’obligations ?
Dans ce contexte houleux, M. Mohan considère que le Digital Services Act devrait porter un oeil plus averti sur les contenus les plus graves tels que le terrorisme, et donner la main aux plateformes qui peuvent se charger des « discours de haine ». En effet, le futur texte européen laisse en suspend plusieurs zones d’ombre d’après le responsable de YouTube : « plus le cadre est généralisé et large, plus il est pratique à appliquer ».
La Commission européenne souhaite imposer aux plateformes des « obligations de moyen », une décision qui pourrait avoir de lourdes conséquences pour ces dernières qui devront être plus transparentes sur leur politique de modération. Les plateformes devront à ce titre revoir leur copie sous peine de sanctions. La filiale de Google, qui affiche quelques réticences à cet égard, a indiqué que la notion de la transparence doit reposer sur « l’impact pour l’utilisateur ». Un argument de taille qui éviterait aux plateformes de devoir rendre compte du nombre de modérateurs utilisés dans chaque pays européen.
YouTube pointe également du doigt les obligations particulières mises sur la table par la Commission qui ciblent les plus grandes plateformes et laissent libre cours aux plus petites, susceptibles de reprendre les informations incriminées. La plateforme estime ainsi que le cadre du Digital Services Act doit s’appliquer à l’ensemble des services, peu importe leur taille. Alors que les États européens cherchent par tous les moyens à contrer la montée en puissance des GAFA, YouTube passera-t-elle entre les mailles du filet ?