Le Président péruvien destitué par le Parlement pour des accusations de corruption
A quelque mois de l’élection présidentielle prévue au printemps 2021, le président péruvien, Martin Vizcarra a été la cible d’une procédure de destitution aboutissant à son remplacement à la tête de l’Etat le 10 novembre par le président du Parlement Manuel Merino. Le Président Vizcarra a été éclaboussé par des affaires de corruption, notamment dans l’affaire Odebrecht. Des accusations considérées comme fabriquées par de nombreux Péruviens, qui se sont opposés à cette destitution par des manifestations dans les rues du pays.
Avec 105 voix parlementaires sur 130 au total, la destitution a été votée en raison des pots-de-vins que Martin Vizcarra aurait reçu au cours de son mandat de gouverneur en 2014. Après avoir échappé à une première tentative de destitution, le Président Vizcarra, perçu initialement comme un pourfendeur de la corruption, a laissé sa place vacante au sommet de l’Etat tout en rejetant en bloc les accusations dont il est la cible.
La procédure, réalisée par des parlementaires très impopulaires dans le pays, se fait dans un contexte où la Covid19 a fait déjà plus de 35 000 morts, pour un pays d’un peu plus de 30 millions d’habitants. Les critiques sur la gestion de la crise sanitaire par le Président Vizcarra ont d’ailleurs constitué un des éléments motivants pour le Parlement pour lancer cette procédure de destitution. Cette nouvelle crise politique, qui apparaît comme une « manipulation » pour une large part de la population, a d’ailleurs provoqué de grandes manifestations de soutien pour le désormais ex-président.
Contestant la procédure dont il fait l’objet, Martin Vizcarra a déclaré devant son domicile de Lima que « la légalité est remise en question parce que la Cour constitutionnelle n’a pas encore statué et que la légitimité est donnée par le peuple ». Déjà le troisième Président a accéder à la tête du pays depuis 2016, Manuel Merino, ingénieur agronome de 59 ans relativement peu connu de la population, sera en charge d’assurer la transition entre son prédécesseur et le prochain président dont l’élection est prévue le 11 avril 2021.