Rebond historique de l’économie française durant l’été, avant une probable rechute à cause du reconfinement
Le chiffre ferait pâlir d’envie de nombreux pays à travers le monde dans une période normale, mais il apparaît déjà comme le reflet d’un été enchanté pour l’économie française avant la forte rechute attendue cet automne : la croissance du PIB en France s’est élevée à 18,2% au troisième trimestre entre juin et septembre selon l’INSEE, un niveau historique qui reflète avant tout le rebond de la consommation et le retour de l’activité économique après le confinement du printemps.
Le taux de croissance est un indicateur particulièrement scruté par les médias et les gouvernements, il est souvent perçu comme le baromètre le plus fiable de la santé économique d’un pays et, si s’il est parfois critiqué pour son caractère trop généraliste, constitue un chiffre très prédictif de l’évolution de l’emploi. Ce chiffre inédit est toutefois déjà en partie balayé par les effets financiers du reconfinement décidé par le Président de la République pour les prochaines semaines.
Un chiffre historique
18,2%. Ce chiffre de croissance est historique en France pour un seul trimestre. Il signifie que l’activité du pays a cru de près d’un cinquième en trois mois, alors que les chiffres habituels de croissance trimestrielle sont plutôt compris entre 0 et 1%, des niveaux microscopiques à côté de celui de la période comprise entre juin et septembre. Les principaux moteurs de cette très forte croissance sont les exportations (+23,2% en un trimestre), et surtout les dépenses de consommation des ménages, qui, si elles ne progressent « que » de 17,3%, amènent la consommation à un niveau inférieur de 2,1% seulement à celui de l’an dernier. La preuve que les Français ont souhaité consommé après le confinement du printemps et ont utilisé une partie de leur épargne ou de leurs revenus lorsqu’ils ont pu être protégés.
Toutefois, même avec ce très fort rebond, le niveau de l’activité en France au troisième trimestre restait inférieur de 4,3% à son niveau d’avant-crise, ce qui témoigne de l’effondrement économique subi au printemps et constitue un présage inquiétant du choc attendu pour les prochains mois avec le reconfinement.
Des perspectives sombres pour les prochains mois
Surtout, ce chiffre très positif va très probablement être balayé par les effets des mesures sanitaires prises par le gouvernement pour les prochaines semaines. Alors que les économistes de l’institut Rexecode estimait déjà les effets du couvre-feu à une perte de PIB de quelques dixièmes, ils s’attendent désormais une chute de 4% au dernier trimestre. Le gouvernement lui-même a revu à la baisse sa prévision d’évolution du PIB en France pour 2020 de -10 à -11%, un chiffre qui suppose un fort reflux de l’activité pour la période d’octobre à décembre.
Enfin, cette évolution négative pour la dernière partie de l’année apportera son lot de mauvaises nouvelles : en plus du choc sur l’emploi qu’elle ne va pas manquer de provoquer, dans une situation où les entreprises sont déjà largement fragilisées par la crise, « l’acquis de croissance » (le niveau d’activité mininum garanti grâce à la croissance obtenue cette année en l’absence d’une récession) pour 2021 serait extrêmement faible, et même possiblement négatif, rendant les espoirs d’un fort rebond de l’économie française l’année prochaine de plus en plus minces. Une perspective qui ne rassurera ni les entreprises, ni le gouvernement.