Quel budget pour sortir la France de la crise ?
La majorité a fait le choix d’un budget d’une ampleur sans précédent en consacrant une enveloppe de 100 milliards d’euros à la relance économique pour contrecarrer les effets de la crise sanitaire, en plus du plan de relance déjà présenté. Ce budget, se voulant pragmatique et peu marqué politiquement, a vocation par son contenu à rassurer les deux ailes du Parlement, en affichant d’un côté un niveau record de dépenses publiques et de l’autre en ne prévoyant aucune augmentation d’impôts.
L’objectif du gouvernement en présentant un tel budget est d’atteindre une forme de consensus en période de crise, en ménageant d’une part son aile gauche qui souhaite renforcer les dépenses publiques pour soutenir l’économie et les ménages et son aile droite d’autre part, qui veut à tout prix éviter de nouvelles hausses d’impôts.
Un budget “ni de gauche ni de droite”
Malgré la reconnaissance des mesures sociales du budget, des critiques se font entendre à gauche, notamment de la part de la France Insoumise, par l’intermédiaire du député de Seine Saint Denis Eric Coquerel qui estime le montant de 30 milliards consacré au sauvetage des entreprises insuffisant et que les grandes entreprises (celles dépassant les 1,5 milliard de chiffre d’affaires annuel) devraient être exclues du plan de soutien à moins qu’elles ne présentent des garanties sociales et environnementales suffisantes. Le gouvernement avait quant à lui décidé le maintien des effectifs de l’Etat pour la seconde année consécutive, 52,8 milliards d’euros du budget total consacrés à l’environnement (soit 9% du total) ou encore une hausse sans précédent du budget du Ministère de la Culture.
A droite aussi, des reproches sont formulés, en particulier concernant l’accroissement de la dette, comparée à un cancer par Damien Abad, président du groupe Les Républicains à l’Assemblée. Ce dernier ajoute par ailleurs : “Après le mur de la dette, il y a le mur des impôts” et redoute une augmentation de ceux-ci sur le long terme. La droite peut elle aussi se satisfaire de plusieurs pans du budget qui concordent avec certains de ses thèmes de prédilection : pas d’augmentation d’impôts prévue, baisse des impôts de production à hauteur de 20 milliards d’euros étalée sur 2 ans ou encore hausse du budget des ministères des Armées et de l’Intérieur pour satisfaire le volet “sécurité” cher à l’aile droite du Parlement.
Un plan qui se veut ambitieux pour les Français les plus touchés par la crise
De nombreux Français subissent les conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire. Du point de vue de l’emploi comme de la perte de revenus, la crise a frappé de plein fouet des milliers de ménages. Pour répondre à cet enjeu, le Gouvernement compte mettre en oeuvre un budget qualifié par Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’institut de sondage IFOP de “plan de protection massif”, cohérent avec le positionnement de plus en plus assumé sur ce sujet par le Président de la République.
Le Ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a déclaré faire de l’emploi sa “priorité absolue”, insistant sur l’importance de la prise en charge par l’Etat du chômage partiel dans le succès obtenu jusqu’à aujourd’hui pour éviter des vagues de licenciement massives. Le ministre promet également de simplifier les procédures parfois fastidieuses auxquelles les PME font face pour bénéficier du soutien financier de l’Etat. Bruno Le Maire souhaite ainsi que les deniers alloués au plan de relance (10 milliards d’ici fin 2020 et 42 milliards en 2021) soient décaissées le plus rapidement possible, et a ajouté dans ce sens que “La bonne exécution c’est une exécution rapide”.
Les ambitions gouvernementales sont donc élevées, tout comme le sont les moyens déployés, mais l’incertitude qui entoure les prochains mois quant à la trajectoire de l’épidémie l’est tout autant et laisse planer le doute sur la réussite du plan de relance et de ce budget 2021.